Canular : Des maisons d’édition se font piéger et refusent de publier le texte d’un prix Nobel de littérature

26 février 2019 | Dans Littérature

En 1985, le prix Nobel de littérature avait été décerné à l’écrivain catalan Claude Simon. Un admirateur de son œuvre a voulu prouver que les maisons d’édition étaient devenues si frileuses aujourd’hui qu’elles refuseraient de publier ce génie de la littérature s’il avait vécu à notre époque. Il a donc envoyé un extrait d’un roman de l’auteur à une vingtaine d’entre elles et elles l’ont toutes refusé. Un canular qui dénonce une certaine vision de la littérature et fait l’éloge de l’autoédition.

Un canular aux allures de farce grotesque

Ce qui est vraiment hallucinant dans ce canular, c’est la simplicité de sa démarche, qui n’a pourtant pas été démasquée par une seule des 19 maisons d’édition auxquelles il a été envoyé. C’est Serge Volle, 70 ans, qui a tout organisé et qui a ensuite témoigné. Il raconte donc qu’il a envoyé les 50 premières pages du roman Palace de Claude Simon à 19 maisons d’édition.

Sur les 19 maisons concernées, 7 d’entre elles n’ont même pas daigné répondre et les 12 autres ont renvoyé un refus catégorique à l’expéditeur. L’un des éditeurs a même pris la peine d’expliquer son refus, expliquant que les phrases étaient trop longues, trop compliquées et qu’il n’y avait pas de personnages clairement dépeints auxquels s’attacher.

Un canular qui plaide pour l’autoédition

Sans même le vouloir, ce canular, savamment orchestré, défend l’autoédition et le fait de publier un livre soi-même plutôt que d’attendre de la part du monde de l’édition qu’il reconnaisse son talent. Puisque aujourd’hui, même un prix Nobel de littérature n’a pas sa place dans le catalogue des grandes maisons d’édition française, comment un auteur audacieux et inventif peut-il espérer avoir la sienne ?

Effectivement, le monde de l’édition est un petit monde, avec ses règles et ses habitués. Il est extrêmement difficile d’y entrer par les moyens classiques quand on n’y connaît personne. Voilà pourquoi l’autoédition semble une voie beaucoup plus accessible, beaucoup plus simple et presque démocratique. Ce sont les lecteurs qui peuvent alors décider ce qu’ils aiment vraiment et ce qu’ils ont envie de lire.

L’édition perd de sa crédibilité face à l’autoédition

De son côté, Serge Volle, auteur de ce canular, en a tiré une conclusion assez affligeante pour le monde de l’édition. Selon lui, il faut être connu avant d’avoir le droit d’être publié et il en profite alors pour fustiger la production de beaucoup d’auteurs célèbres, souvent jugés paresseux et consensuels, que les maisons d’édition mettent en avant systématiquement parce qu’ils vendent beaucoup.

À l’inverse, le monde de l’autoédition fourmille d’auteurs qui n’en vivent pas et qui n’ont rien à perdre à essayer et à explorer de nouvelles formes littéraires. Certains auteurs sont d’ailleurs devenus très célèbres par ce biais et ils ont ensuite été récupérés par des maisons d’édition importante. Il ne faut donc pas écouter certains discours qui jugent honteux de s’autoéditer et se rappeler que Marcel Proust lui-même y avait eu recours quand personne ne voulait de sa Recherche du temps perdu.

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