Aujourd’hui, le carrelage est présent partout dans nos foyers, du salon à la salle de bain. Facile d’entretien et offrant une gamme presque infinie de tailles, de couleurs, de styles, de finitions, seules les chambres à coucher semblent le bouder, à cause de son côté froid. Il n’en demeure pas moins que le carrelage est un indispensable de notre décoration d’intérieur, et ce depuis l’Antiquité.
Une très ancienne histoire
On retrouve les premières traces d’utilisation du carrelage, sous forme de carreaux d’argile cuite, dès l’Antiquité, pour paver sols et murs. Si son usage est connu en Egypte ou Mésopotamie, ce sont les Romains qui vont, véritablement, développer son usage de façon esthétique. La mosaïque est alors un véritable art de la décoration d’intérieur des villas romaines, ornant les murs et sols de scènes délicates et colorées.
Le Moyen Âge revient, hélas, à une utilisation plus sobre du carrelage. La mosaïque est délaissée au profit des plus simples carreaux à décor d’engobe, grands carreaux de terre cuite qui sont ornés grâce à l’inclusion d’argiles colorées. On les retrouve alors un peu partout dans les châteaux et abbayes.
L’art de la céramique connaît un bond extraordinaire lorsqu’au IXe siècle, en Irak, est inventée la technique de la faïence. Cette technique, qui recouvre la céramique d’une fine glaçure ou émail blanc, permet désormais de la peindre librement, sans avoir à inciser ou établir de décors cloisonnés préalablement, et sans que la peinture ne s’épanche sur le vernis. On peut donc désormais décorer nos précieux carreaux de céramique et composer des scènes avec, sans passer par la mosaïque.
Progressivement, cette technique se répand jusqu’en Europe au cours de la Renaissance. Entre le XVe et le XVIe siècles, les artisans italiens, chinois et flamands vont porter cette technique à son apogée, créant de véritables chefs-d’oeuvre.
Les manufactures néerlandaises de Delft, en particulier, deviennent célèbres au XVIIe siècle pour leur faïence brillante aux décors bleus et blancs, dont la finesse et la délicatesse approchent celles de la porcelaine de Chine.
Mais le carrelage n’en a pas fini de son histoire. Les avancées techniques de la révolution industrielle du XIXème lui donnent un nouveau coup de jeune. Elles permettent de fabriquer le carrelage de façon industrielle et en 1850, en France, le carreau de ciment fait son apparition. Un essor qui va continuer tout au long du XXème siècle. On produit du carrelage en quantité, sous toutes ses formes (grès émaillé, grès brut, terre cuite, faïence, pâte de verre…) et pour toutes les pièces de la maison.
La popularisation d’une pièce, en particulier, va continuer de faire le succès du carrelage. Car, entre salle de bain et carrelage, tout n’est qu’une question de joint.
Carrelage et salle de bain
Au départ, la salle de bain n’est pas une pièce à part et il faudra attendre bien longtemps avant que tous les logements n’en soient équipés. On se lave dans un tube en zinc dans la cuisine.
Au début du XXème siècle, très peu de logements sont donc équipés d’une salle de bain et il faut attendre après la Seconde Guerre Mondiale pour que, peu à peu, cet usage rentre dans les mœurs. C’est là que le carrelage trouve enfin toute son utilité.
En effet, le carrelage a été progressivement exilé des pièces à vivre, mais dans les pièces nécessitant une propreté récurrente, telles la cuisine et la salle de bain, il démontre sa supériorité face au parquet et à la moquette. Son entretien facile et pratique, sa résistance, son imperméabilité, font de lui un véritable atout et, dans les années 70, ses couleurs vives offrent un décor à la salle de bain, traditionnellement d’un blanc immaculé.
Un succès jamais démenti
Cantonné à la cuisine et à la salle de bain, le carrelage a, un temps, dépéri. Mais les innovations techniques, qui le rendent de plus en plus esthétique, le remettent au goût du jour de nos décorations d’intérieur.
Mat, brillant, style béton ciré, mosaïque ou même imitation parquet, le carrelage offre des possibilités de décoration presque infinies. On en trouve pour tous les styles, toutes les tendances, tous les goûts et toutes les pièces. D’ailleurs, de façon amusante, nous n’avons jamais autant aimé le carrelage que depuis qu’il ne ressemble pas ou peu… à du carrelage.